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Rencontre avec Lisa Olaciregui, travailleuse sociale passionnée

Lisa, bientôt 33 ans, montreuilloise, vient de quitter son poste de travailleuse sociale au sein de l’équipe de l’accueil de jour familles des Amarres pour de nouvelles aventures après avoir connu de nombreuses expériences avec l’association Aurore. Également passée par le Centre d’Hébergement d’Urgence des Grands Voisins, elle a accepté de revenir sur son métier et son expérience au cœur des tiers-lieux solidaires.

Quel a été ton parcours avant de rejoindre les Amarres ? Qu’est-ce qui t’a orienté vers le milieu du social ?

Je suis diplômée depuis 2012 en tant qu’éducatrice spécialisée. J’ai fait beaucoup de choses différentes qui m’ont amenée à me tourner vers un public adulte en situation précaire. J’ai notamment travaillé avec des sortants de prison, des personnes avec des addictions, des prostituées, des sans-abris, des mineurs étrangers isolés, en centre d’hébergement d’urgence ou bien encore avec des familles à la rue.

Depuis toute petite, j’ai toujours eu une passion pour le contact avec les autres, ce qui m’a orientée vers des études de psychologie puis les concours pour devenir éducatrice spécialisée. J’ai atterri aux Amarres parce que j’étais aux Grands Voisins [au CHU] auparavant en CDI. J’avais déjà été chez Aurore par le passé. Quand le projet a fermé à Denfert en septembre 2020, j’étais en congé maternité, et tout s’est bien goupillé car je suis arrivée à l’ouverture d’Austerlitz en janvier 2021.

A quoi ressemble la journée type d’une travailleuse sociale à l’accueil de jour familles ?

C’est compliqué de raconter une journée type car elles se passent rarement comme prévu ! Pour schématiser, la première étape est constituée par l’accueil, ce qui est notre mission première. Ensuite les travailleurs sociaux ont rendez-vous avec les personnes accueillies : nous accompagnons chacun une cinquantaine de familles, et encore c’est le chiffre officiel étant donné qu’il y a beaucoup de chevauchements. C’est donc beaucoup de travail !

On les suit jusqu’à ce qu’on arrive à les réorienter et à les héberger, car ces familles sont à la rue. On réalise donc un travail d’écoute et d’accompagnement global, qui est adapté à chaque personne que l’on reçoit. La priorité c’est de leur trouver un toit pour les mettre à l’abri, soit en hôtel, soit avec une solution un peu plus stable, le tout selon leur situation administrative. Ensuite on s’occupe des enfants : scolarisation et régularisation des papiers. La question des soins est aussi essentielle car ce sont des personnes qui ne savent pas forcément qu’elles ont accès à un vrai système de santé pour elles et leurs enfants. Enfin on organise un certain nombre d’activités dans l’accueil de jour.

Peux-tu nous citer un excellent souvenir et un moment de joie que tu as connu aux Amarres ?

Mon meilleur souvenir c’était juste avant mon départ, donc il n’y a pas très longtemps ! Ça a été très beau et très fort… On suivait une famille avec trois enfants, dont l’un d’entre eux était en famille d’accueil aux Canaries (en Espagne). Elle a été séparée de ses parents suite à leur arrivée en France. Elle avait alors seulement 1 an… Nous avons réalisé un travail de longue haleine sur une année complète pour obtenir ce regroupement familial, sachant que les lois sont différentes entre les deux pays. Tout ça a débouché sur des retrouvailles aux Amarres et c’était très émouvant ! Vous imaginez, les parents n’avaient pas vu leur fille depuis 3 ans ! La famille d’accueil et les travailleurs sociaux sont venus d’Espagne et sont restés une semaine en France pour accompagner le retour de la petite. Notre équipe a été au cœur de ce projet magnifique et complexe, et nous en sommes fiers ! C’est sans aucun doute un des plus gros moments de ma carrière.

Sur le plan de la joie, j’aurais du mal à choisir entre toutes les choses géniales qui se passent ici. Il y aurait d’abord les repas à prix libre qui sont super. Je pense aussi aux anniversaires des enfants, à l’Aïd, et à plein de temps à l’accueil de jour qui sont festifs ! Ces moments sont nombreux, et on en a bien besoin !

Quelles sont tes perspectives pour la suite ?

J’ai quitté les Amarres parce que j’avais envie d’être un peu plus stimulée dans mon travail et d’apprendre de nouvelles choses. Je vais donc rejoindre le Samusocial où je vais encadrer une équipe pluridisciplinaire, ce qui me permet de faire évoluer ma carrière. C’est un beau challenge, je suis convaincue que ça va me plaire ! Je vais coordonner des travailleurs sociaux, des psychologues, des infirmiers et des animateurs sociaux-culturels. C’est un accueil de jour pour des personnes en situation de rue qui n’appellent plus le 115, et qui sont donc très éloignées de la société.

Qu’est ce qui va le plus te manquer aux Amarres ?

J’ai toujours adoré ce que j’ai fait, et encore plus ces dernières années aux Grands Voisins et aux Amarres où on a réussi à créer une belle mixité. Ça n’a pas été facile tous les jours, encore plus aux Grands Voisins où on partait de plus haut et de plus loin étant donné la nature du lieu. En s’inscrivant dans la continuité aux Amarres, on a réussi à mélanger les aspects sociaux et culturels, ainsi que des publics issus de milieux très différents, ce qui constitue une belle réussite. Je suis fière d’avoir travaillé au sein de l’association Aurore, et particulièrement dans ces projets pionniers que sont les tiers-lieux solidaires.